Extraits du livre
D’une vague à l’autre
Les vagues se suivent et ne se ressemblent pas. La mer toujours renouvelée offre ses variations au gré des saisons et des années, tantôt étale, tantôt tempétueuse. Cette réalité nous donne l’occasion d’une vision de notre monde actuel, balloté dans une météo sanitaire et sociale capricieuse, au gré de cette 3e vague que nous traversons actuellement.
Plusieurs postures s’offrent à nous face aux vagues. On peut les craindre et les contempler avec angoisse du bord de mer ou du quai, ou lutter contre, selon ses humbles moyens et le bateau sur lequel on est embarqué. On peut aussi, comme les enfants, plonger dedans, les défier, s’en éclabousser, jouer dans l’écume (« des jours » dirait Boris Vian) s’y engouffrer ayant pris une grande inspiration, et ressortir intact de l’autre côté, prêt pour la suivante qui ne manquera pas d’arriver si le drapeau nous indique orange ou rouge. Beaucoup d’entre nous aujourd’hui sont en manque d’air, étouffent sous les assauts répétés des dangers auxquels les vagues nous exposent : santé physique et mentale fragilisée, chômage, études compromises, relations sociales et affectives bouleversées. On peut aussi vouloir la dompter comme les surfeurs à Tahiti, sur la plus grande et mythique vague bleue, le plus grand « spot » mondial de Teahupo où se déroulent tous les ans des championnats et jusqu’aux Jeux olympiques en 2024. Malgré les dangers, la compétition s’y déroulera et les meilleurs champions s’y affronteront. En effet, la violence des flots et les dangers qu’ils comportent nous attirent : les grandes marées trouvent leur contingent de promeneurs, photographes, peintres en recherche de sensations fortes et d’images inhabituelles et majestueuses.
On peut trouver dans les arts des œuvres qui représenteront notre état psychique du moment : la contemplation de « La grande vague » de KANAGAWA du peintre japonais Hokusaï est une vision fantastique de nos peurs les plus actuelles et monstrueuses : déferlement d’eau griffue, submersion, étouffement, comme dans nos pires cauchemars. Mais il y a à l’opposé par exemple Monet et ses multiples variations « IMPRESSIONS » au soleil levant / au soleil couchant, qui donne une vision bien plus apaisante des bateliers au milieu de vagues bien plus calmes, une vision de nos espoirs en l’avenir ! Les arts peuvent ainsi nous permettre d’extérioriser nos paysages et émotions intérieures.