Extraits du livre
Mes parents étaient très pauvres, leurs enfants étaient leur seule richesse. À ma naissance, ils m’ont donné le nom « Ligligbene », qui signifie : l’argent est fini. Parce qu’à ce moment-là, ils n’avaient plus d’argent ou de richesse. À l’état civil, la secrétaire a refusé mon prénom. Elle a jugé que ce n’était pas un bon nom à donner à un enfant. Elle a dit que ce nom allait me suivre et que je n’allais rien pouvoir faire de ma vie parce que mon argent serait toujours fini. Mon père l’a écoutée et m’a renommée, « Ligliman » qui signifie « L’argent est bon. »
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Et je suis arrivée à la gare. C’était la première fois et je ne savais pas où je voulais aller. Il fallait que je parte, il fallait que tout s’arrête. Au départ, j’avais une idée : je saute devant le train et comme ça, il m’écrase et ma souffrance est finie. Mais je suis allée au guichet pour prendre un billet et le monsieur me demande :
— Un billet pour aller où ? Si tu ne dis pas où tu veux aller, je ne peux pas te vendre un billet.
Il m’a expliqué plein de choses mais, en fait, je ne l’écoutais pas, tout ce que je voulais, c’était un billet. J’ai eu l’intelligence de me reculer et de laisser les gens passer. En même temps, je regardais de l’autre côté, à l’entrée, pour voir si mes employeurs me suivraient. J’ai appelé une copine pour lui demander quel était le nom de la gare où elle habitait. Elle n’a pas répondu. Je suis retournée dans la queue et j’écoutais ce que disaient les gens au guichet pour avoir un billet mais ils disaient des noms un peu compliqués, je n’arrivais pas à les retenir. Et puis quelqu’un est passé et a dit :
— Un ticket pour Paris.
Alors je me suis dit : ah oui, voilà un nom très facile à retenir. Cette personne m’a sauvée, j’ai gardé le nom et je répétais dans ma tête : un ticket pour Paris. Du coup quand ce sera mon tour, je pourrai répéter la même chose : un ticket pour Paris, un ticket pour Paris. Alors j’ai dit au monsieur :
— Un ticket pour Paris.