Extraits du livre
~ À mon corps ~ Je t’aurais fait souffrir, Tandis que je souhaitais mourir. Je t’aurais affamé, Je t’aurais brûlé. J’aurais séparé tes cellules à l’aide d’une lame, Pour faire couler le sang de mon âme. À tout cela tu auras résisté, Même brûlé et meurtri tu auras subsisté. Pour cela je me dois de te remercier. Tu n’as jamais cessé de te battre. Même si j’ai longtemps souhaité que mon cœur cesse de battre. (p. 34/35)
Raphaëlle, 17 ans. Monsieur H, 64 ans. Tous deux voisins de chambre dans une clinique psychiatrique. Voilà qu’ils se rencontrent dans le parc de la clinique. Un échange de regards bienveillants, un semblant de discussion. Puis arrivent le soir et cette question fatale : « Pourquoi es-tu ici ? » Elle le regarde, esquisse un sourire, puis lui répond : « Je crois que tu l’entends… » Il la regarde, esquisse lui aussi un sourire, et lui rétorque : « Oui… » Il est maintenant aux alentours de vingt et une heures, les coups commencent à se faire entendre tandis que quelqu’un frappe à sa porte. Elle cesse tout cela, se lève et ouvre la porte. C’était lui, monsieur H. Ils se regardent, des larmes viennent lui effleurer les joues et il lui dit : « Viens ». (p. 26)
Le lendemain, la sentence tomba, elle devait aller en CSI, chambre de soins intensifs, car elle se mettait trop en danger. Elle alla dans une autre unité, car la CSI de l’unité où elle se trouvait n’était pas libre. Ils lui demandèrent de se déshabiller et de se vêtir d’un pyjama déchirable qui lui faisait un short et un croc-top. Elle avait froid, très froid. Elle avait juste un matelas au sol, une couverture indéchirable, et un pot pour faire ses besoins. Elle était extrêmement triste, se mit à pleurer puis se dit qu’elle devait dormir pour passer le temps. Elle dormit donc, difficilement. Elle attendait qu’il soit midi pour avoir son repas, puis elle n’avait plus qu’à attendre le moment du goûter, puis du dîner. Elle changea à nouveau d’unité deux jours plus tard. Elle passa d’une unité à l’autre. La CSI sentait l’urine, l’odeur était terrible. Le lendemain, elle rentra à son unité. Elle n’attendait qu’une chose : entendre les clefs dans la serrure, qui annonçait le repas et avoir une demi-heure de libre après ce dernier. Elle sortit de la CSI une semaine plus tard. (p. 32) |