Extraits du livre
En vingt-deux ans, cette union a eu neuf enfants dont six filles et trois garçons, moi, cinquième et second garçon. Cependant, la façon dont ils nous ont mis au monde m’a toujours parue mystérieuse. Calcul biologique ou superstition, je ne sais pas, mais nous sommes nés en trois groupes de trois, c’est-à-dire : trois filles d’abord, suivies de trois garçons et encore trois filles. Aujourd’hui, il ne reste plus que les deux derniers groupes, avec le même équilibre de trois garçons et trois filles (Antoine-Roger, Claudel, Jean-Eleuthère, Mamie, Joséphine et Nicole). Le premier groupe est en séjour dans l’au-delà (Marie-Charlotte, Philippines, Espérance).
Ce qu’ils regrettaient le plus, c’était qu’elle se fasse engrosser par : un gars handicapé, un pauvre, un étudiant, un yombé. C’était pour eux une forme d’humiliation voire une exécration que leur fille tombe amoureuse d’un garçon handicapé et plus grave, enceinte. En vérité, j’ai beaucoup souffert de ses mots discriminatoires et dédaigneux. Je pourrais me suicider si je n’avais pas des nerfs solides, je trouvais la société injuste. Je suis par ailleurs persuadé qu’ils ne voulaient pas que j’aie une liaison sanguine ou biologique avec leur fille, pensant peut-être que mon handicap était contagieux, affecterait la progéniture et créerait une situation de problème dans leur famille. Leur arrogance se manifesta lorsque ses cousines, les filles « KIAMOSI » vinrent me rencontrer à plusieurs reprises pour m’imposer leur vœu de la faire avorter, mais j’ai opposé mon vif refus. Personnellement, je craignais pour la vie de Jossy, en plus de la législation congolaise qui considère l’avortement forcé comme un homicide volontaire, qu’elle réprimande sévèrement sans pitié compte tenu de ses divers risques et ses conséquences sur la fille.