Extraits du livre
Page 28 ligne 526 :
Elle trainait sa vie jour après jour depuis qu’il n’était plus.
Elle avait perdu simultanément son mari et sa propre vie. Tout semblait lui rappeler l’homme qu’elle aimait et son absence irréversible.
Elle était cinquantenaire, mais j’avais devant moi une enfant perdue.
Page 26 ligne 488 :
Il y a ceux qui s’assoient, me regardent droit dans les yeux, et comme engoncés dans des vêtements trop étroits, me disent gênés :
– Je ne sais pas par où commencer.
Je leur réponds toujours que moi non plus je ne sais pas, mais qu’ensemble nous allons trouver.
Je les aide à se raconter, les autorise à prendre le temps, à dire, à pleurer, à être confus. Il me faut alors laisser parler leurs hésitations, m’adapter à leur rythme.
Page 13 ligne 240 :
J’avais en face de moi un homme proche de l’asphyxie. Il suffoquait de se sentir empêché, de prétendre. Et ni sa femme ni sa petite fille ne semblaient pouvoir lui redonner un nouveau souffle. Vital maintenant.
(… ligne 244) Doucement, puis comme un enfant il a pleuré, sangloté même.
Incapable de retenir son émotion, je mesurais son urgence d’être libre et vivre enfin.
Page 22 ligne 402 :
Il y a aussi ces enfants en grande souffrance, qui ne voulaient pas venir et ne veulent plus partir.
Avec leurs mots fragiles et nus, ils me confient leur chagrin comme un trésor que je reçois à deux mains.
(… ligne 414) Ils avancent à leur rythme, et même s’ils semblent régresser jamais ils n’ont peur, et toujours je leur fais confiance.
Page 32 ligne 614 :
Lorsque les traumatismes sont dits, ils sont souvent accompagnés de larmes, parfois même de sanglots.
La violence des mots dits est parfois insoutenable, et pourtant je reste stoïque s’il le faut, soucieuse de ne pas rompre le débit de leurs paroles.
Parfois malgré cette violence je les encourage, telle une autorisation à poursuivre leur récit.
Une fois qu’ils ont dit, souvent la fixité dans leurs yeux s’en va. Leur regard me dit qu’ils reviennent de loin, et comme eux, je reprends ma respiration.
Page 54 ligne 1043 :
Les angoisses. Elles savent se faire discrètes, s’immiscent parfois à bas bruit, s’installent tranquillement, peuvent devenir omniprésentes ou surgir en crise par surprise.
Elles peuvent concerner les jeunes enfants, adolescents et adultes autant que les personnes âgées. Et à chacun ses angoisses.
Qu’elles soient petites ou grandes elles dérangent toujours.
Page 27 ligne 519 :
Après notre dernière rencontre je leur demande toujours de me donner de leurs nouvelles.
Parfois ils m’en donnent, parfois pas. Au fond, c’est toujours eux qui décident.