Extraits du livre
Et le temps passe. Il passe à se tromper et à se berner soi-même avec une parfaite bonne conscience.
« Moi, le racisme, je trouve cela dégradant, indigne de quelqu’un de civilisé. Vous avez vu ? Je pense que c’est encore un Arabe qui a attaqué le pompiste. Trop, c’est trop, il faut tous les jeter à la mer.
Moi, je suis pour le risque, il faut oser dans la vie. Vous avez vu hier soir à la télé, cet explorateur ? Ça, c’est un homme. Comment Robert ? Tu as dit cela à ton patron ? Mais tu es fou ! Tu veux qu’il te licencie, tu te prends pour Karl Marx ?
Moi, je pense que le métier d’enseignant est un grand métier. Instruire, apprendre, éveiller l’intelligence des enfants, quoi de plus noble ? Vous avez vu ce prof ? Il ose écrire que mon fils n’est pas capable de suivre le programme. Le salaud ! C’est encore un gauchiste.
Moi, j’aime faire l’amour. Je ne peux supporter qu’un compagnon tendre, imaginatif, hardi. Il faut se surprendre mutuellement dans l’acte sexuel. Vive l’érotisme ! Comment peux-tu me demander une chose pareille, Jacques ? Tu me prends pour une prostituée ? Trouve-toi une maîtresse si tu as des goûts pareils et fiche-moi la paix. Quoi ?! Tu m’as trompée ? Va-t’en, je ne veux plus jamais entendre parler de toi ».
Éternel va-et-vient entre l’image et le réel, entre les mots et les actes.
John glissa une main dans sa poche et caressa de deux doigts nerveux le crâne de la divinité Maya, puis il ressortit sa main et commença lentement, très lentement, à « filer » la carte qu’on venait de lui donner. Il l’avait placée derrière les quatre autres et par petites pressions, il les faisait glisser sur la droite pour pouvoir apercevoir le coin haut à gauche de la cinquième carte.
Tout le plaisir du poker était là.
Savoir avec le pouce de la main droite, caresser les cartes par légères pressions pour que la cinquième apparaisse centième de millimètre par centième de millimètre. Le joueur découvre peu à peu les différents indices qui lui permettront de savoir, avant même de l’avoir vue vraiment, la carte qu’il a en main.
Le vieux marin lui avait dit également avec un ton plein de mépris : un joueur qui ne « file » pas n’est pas digne de jouer au poker. Il vaut mieux qu’il joue à belote
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