Extraits du livre
L’Algérie n’a jamais réussi à saisir les opportunités qui se sont offertes à elle pour impulser une orientation vers l’établissement d’un régime politique démocratique, accumulant, au contraire et malencontreusement, les occasions manquées. Dès son indépendance, le fameux groupe d’Oujda, un clan qui s’était imposé à la tête de l’armée des frontières sans avoir jamais affronté directement l’armée coloniale, avait usurpé l’indépendance du pays en perpétrant un premier coup d’État contre le GPRA, l’instance politique légale et légitime de la révolution algérienne, qui avait négocié et arraché l’indépendance de l’Algérie. Après s’être débarrassé violemment, par un deuxième coup d’État en 1965, de l’éphémère et insidieuse alliance conclue avec Ben Bella, qui n’était pas, au demeurant, le premier choix de Boumediene, ce groupe s’est accaparé et a monopolisé indûment l’ensemble des moyens de l’État algérien indépendant, en imposant un régime autoritaire fondé sur une présidentialisation autocratique, sans nul contre-pouvoir ou instance indépendante, ainsi que sur une prééminence, toute symbolique et fallacieuse, d’un parti unique qui ne fut en réalité qu’un instrument entre les mains de Boumediene, le chef emblématique du groupe d’Oujda, cumulant toutes les prérogatives, celles d’un président de la République, d’un chef du gouvernement, d’un chef du parti unique, et également de ministre de la défense et patron unique de l’armée, la source principale de son pouvoir.