Extraits du livre
EXTRAITS DU LIVRE
Depuis un petit moment déjà, Julia griffonnait au pied d’un bassin, dans l’un des parcs de l’École des beaux-arts de Paris. Quand elle dessinait, c’était comme si le temps se figeait. Plus rien ne comptait. Du coin de l’œil, elle vit une silhouette s’avancer vers elle. Elle releva la tête et un léger sourire s’afficha sur son visage : Sarah, l’une de ses meilleures amies, arrivait en courant.
— Julia ! Julia, enfin, ça fait une heure que je te cherche ! dit-elle, essoufflée.
— Félicitations, Sarah, tu m’as trouvée ! lança Julia d’un air amusé.
— Ha, ha ! Quel sens de l’humour !
— Tu sais très bien qu’à cette heure-ci, généralement, je suis au parc en train de faire mes ébauches.
Sans même reprendre son souffle, Sarah continua :
— Je venais te dire de ne pas oublier que, ce soir, on va faire quelques courses pour finaliser l’anniversaire surprise de Lilly.
— Sarah ?
— Oui ?
— Respire.
— Je sais, mais je veux que tout soit parfait et le temps commence à nous manquer !
— Sarah, tout sera prêt à temps, fais-moi confiance. Si ça peut te rassurer, j’ai vérifié que la salle était bien louée. C’est le cas. Le gâteau est commandé et la décoration commence doucement mais sûrement à être mise en place. Tu vois, aucun souci à se faire, on maîtrise la situation.
Tout en parlant, Julia plaça ses mains derrière sa tête et s’adossa légèrement sur le muret qui entourait le bassin.
— Comment fais-tu pour rester aussi calme ?
— Que veux-tu, ma chère : le talent.
— Ouais, bien sûr. Bon, ce n’est pas tout ça, mais il faut que je termine la playlist. Où est-ce que j’ai encore bien pu mettre mes lunettes ? dit-elle en fouillant dans son sac.
— Sarah ?
— Oui ?
— Tes lunettes sont sur ton nez.
— Oh ! mais oui, bien sûr, mais où ai-je la tête ?
— Je me le demande. Fais gaffe, tu risques de la perdre, un jour.
— Je ne relèverai pas cette ultime provocation. Bon, allez, je file. À tout à l’heure.
*********
À l’aéroport, Julia patienta jusqu’à l’heure du départ. Après un long moment, une voix se fit entendre dans les haut-parleurs : « Les passagers du vol 999 en destination de l’aéroport international Louis-Armstrong sont priés de se rendre à la porte d’embarcation numéro 7. Merci. »
Julia se leva et se dirigea vers la porte annoncée. Elle prit place dans la file, montra son portable sur lequel s’affichait son billet, et disparut dans le long couloir menant jusqu’à l’avion.
Durant les longues heures de vol qui s’annonçaient, Julia s’assoupit et son éternel cauchemar refit son apparition. Elle se voyait dans un monde où le chaos et la désolation régnaient en maîtres. Le monde qu’elle avait toujours connu n’existait plus.
— Grâce à toi, les ténèbres ont vaincu ! s’écria cette voix rocailleuse qu’elle entendait constamment.
Elle se réveilla en sursaut.