Extraits du livre
Page 11, ligne 1 à 8
Si je pars en chasse d’une trouvaille, c’est bien un désir de désir. Si un objet me plaît, c’est alors un désir, et si je l’achète, le désir s’estompe. La satisfaction, hélas, finit par s’émousser, c’est une passion « mousse, hébétée, lasse et endormie » comme le dit si bien Montaigne. L’objet est dans une vitrine ; il est admiré par mes visiteurs, mais je n’y vois plus d’autre intérêt. Je vends et je ne garde que l’un ou l’autre témoin de mon désir.
Page 23, lignes 1 à 10
Ses affaires ne sont pas arrangées comme d’habitude : je ne vois pas le linge en boule dans les coins qu’elle y met toujours pour caler le tout, rendre la valise bien plate ; ici les vêtements forment une montagne qui a grossi d’un seul coup à l’ouverture de la tirette, comme un ventre un peu plein à l’ouverture d’un pantalon. Et les coins restent vides. Sur le moment je n’y ai pas fait attention, mais l’image ensuite s’impose et la différence continue à m’intriguer. Peut-être simplement, dans la précipitation, s’est-elle contentée de fourrer son barda pêle-mêle dans le bagage
Page 51, lignes 1 à 8
Avant mon remariage j’ai connu une passion fugace mais fulgurante. Une stagiaire anglaise de passage dans mon bureau… ce fut un coup de foudre, non, une attirance aveugle éblouissante. Un désir et un échange de lettres d’amour. Amour ou désir ? En fait on ne s’est pas aimé d’amour mais de désir. Mais ce désir une fois assouvi s’est vite dissipé et on a rompu rapidement aussi vite qu’on s’est connus.