Extraits du livre
Je revois la scène.
Mon père entre dans ma chambre lentement, je crois même en douceur. Quelle illusion ! Car à huit ans, je l’aime. Ma mère est absente et je reporte tout mon besoin d’amour vers mon père.
Il entre et s’approche. Il s’assied auprès de moi sur mon lit. Il tient un thermomètre dans sa main. Je suis d’abord terriblement surprise. Lorsqu’il me dit vouloir prendre ma température, je suis atrocement gênée. Je me dis : « Pourquoi maman n’est pas là ? ». Avec la même tranquillité, il m’allonge sur le ventre. Je suis paralysée. J’ai peur…
Puis… c’est si dur à écrire.
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Je voulais mourir mais je n’avais pas la force de le faire. Alors j’ai arrêté de manger, sans me rendre compte que je rentrais alors dans « une mort à petit feu ».
J’ai d’abord supprimé de mon alimentation tout sucre, tout féculent, toute matière grasse, puis, progressivement, viande, œufs et poisson. Deux à cinq cafés me donnaient la force de m’occuper de ma fille, devenue alors la seule motivation de ma vie sur terre. Tout mon amour était pour elle.
Inutile de dire que je ne m’aimais plus…
Ainsi, j’ai « survécu » pendant environ dix mois, perdant chaque semaine davantage de poids. Je ne me voyais pas maigrir…