Extraits du livre
EXTRAIT DU LIVRE
Ceci n’est pas une histoire vraie, en bas de chez moi, mais, comme de multiples personnes pourraient se reconnaître, j’essaie d’éviter trop de procès avant de retourner en taule. Je fus à une époque comme Dom Quixotte, traversant des éléments de réalité qui venaient à lui, fier et orgueilleux, mais avec le temps, le recul, la réflexion et la pression des assistantes sociales, je voudrais prétendre que je suis un type ordinaire. p.3
(…)
Le rossignol faisait toujours preuve de raccourcis mélodiques vertigineux lorsqu’au petit matin, il me chantait dans son langage « Casse-toi pôv con ». Sur les territoires inondés par le tsunami, la Marée Chaussée disposait des cadavres en travers des routes pour verbaliser le premier cycliste venu pour excès de vitesse. Les automobiles étaient devenues fort rares, on se déplaçait en surf solaire. D’innombrables pénitents et pénitentes, bien séparés, processionnaient les fesses à l’air, preuve du retour du religieux, des chapeaux pointus suivis par des gardes en bâton et n’importe qui, moyennant une somme modique, pouvait venir fouetter les fesses avec des lanières appropriées. Les pénitents se lamentaient de chants et de cris d’un érotisme le plus total. Les femmes au plus aigu de leur gorge et les hommes au plus bas du ventre. L’argent gagné ne tardait guère à susciter les convoitises et les coffres de monnaie étaient gardés par la Marée Chaussée.
p.142
(…)
Mes nocturnes avec Genette-Rosalie étaient furtives mais intenses. D’une extrême rapidité. Tout en silence. A la sauvette. Ses moustaches me frôlaient d’aise. Son museau humide me pointait tout le corps. Pffftt. Très rapide. Parfois devant, parfois derrière. Nos fourrures s’électrisaient et se reflétaient un instant dans les mares et étangs. Chacun prenait soin de ne pas distancer l’autre lors de nos cavalcades foudroyantes. On aurait pu croire que nous étions des rêves, des étincelles entrevues dans un sommeil hoquetant, des orages autour de minuit. Nous faisions des éclairs visibles de très loin, mais insonores, de peur de la répression.
Il n’y avait plus de langage, donc, plus de temps. Alors, on fait comment ?
p.152/153