Extraits du livre
Nous avions apporté des valises pleines d’habits pour les orphelins que j’avais récoltés auprès de mon entourage. Le premier jour de notre arrivée à l’orphelinat, les matrones, comme nous les nommions – il n’y avait que des femmes qui travaillaient à l’orphelinat – nous accueillirent le regard sombre, le visage dur et fermé et j’avais le sentiment de déranger. Je me faisais une joie de commencer, mais l’accueil me refroidit quelque peu. Lorsque je donnai la valise pleine d’habits, elles l’ouvrirent en communiquant entre elles sans nous prêter d’attention, auscultèrent un à un les vêtements, qui étaient tous comme neuf, avec mépris et ne prirent que quelques pièces en me signifiant bien d’un geste de la main de remballer le reste et de repartir avec. Lorsque je retournai à la maison des bénévoles en expliquant la situation au coordinateur, il me dit de ne pas m’inquiéter qu’il les garderait pour son petit-fils. Sur le coup, je me dis qu’au moins ils seraient utiles à quelqu’un. Je ne savais toujours pas pourquoi les matrones n’en avaient pas voulu. Par la suite je compris que tout était corrompu et que tous profitaient de l’aide, sauf les orphelins. Eux restaient dans leurs habits souillés d’urine et de selles. On ne leur apprenait même pas à aller aux w.-c.