Extraits du livre
EXTRAITS DU LIVRE
« Nous faisons l’hypothèse qu’une mémoire émotionnelle profonde, d’un autre ordre que notre mémoire habituelle et en dehors de toute pensée, porte en nous les traces d’une paix simple, détendue, amoureuse, où faire rime avec jouir. Une paix dont nous aurions fait l’expérience naguère, avant qu’émerge notre conscience actuelle du monde et le formatage de la pensée, avant que nous n’ayons appris à parler. Un être heureux sans complication. Une vague réminiscence émotionnelle de notre état de nourrisson ou de fœtus, voire d’embryon, quand nous étions abandonnés à la Mère, sans souci. Nourris, protégés, nous nous laissions alors porter par la vie sans la moindre trace d’insécurité, sans avoir à prévoir ce que nous avions à faire, puisque tout était donné. Abandonnés, paisibles, sans la moindre anxiété, sans la moindre crainte d’être abandonné puisque nous nous sentions un avec la mère, uni dans un seul être.
Comment ces expériences, aussi anciennes soient-elles, auraient-elles disparu de notre être ? Cette question pourrait nous laisser curieux de ce qui resterait de ces vécus, au fond de nous, quand nous cessons de faire, et pourquoi pas, quand nous arrêtons de penser-pour-rien, d’agiter inutilement nos neurones … pour goûter dans le silence ce qu’est être soi, être soi simplement.
Retrouver ce calme de l’embryon, du fœtus, du nourrisson, dans une grotte ronde, à l’abri des regards et des enjeux du monde, sans rien faire. Un goût du silence émerge alors à l’improviste, au fond de soi, qui pourrait être la première expérience de soi. »
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« Nous parvenons ainsi, peu à peu, à gagner de la présence sur le registre des sensations et des émotions profondes et positives. Nous nous sentons être. Nous sommes prêts à goûter le plaisir de respirer. Respirer simplement, intimement. Sans aucune consigne à suivre. Goûter son souffle. La respiration « librement consentie » est une alliée de premier plan. La goûter simplement, sans rien lui demander d’autre que de s’exprimer comme elle veut, lente, rapide, avec le nez, la bouche, le ventre, s’arrêter dans l’inspir, s’éterniser dans l’expir, éternuer, bailler, toutes les occasions sont bonnes pour lui accorder de la présence. Mais il faut vraiment la goûter, je dirais avec émotion. Si vous goûtez vraiment votre respiration en étant profondément relâché, vous découvrirez que nulle pensée ne reste dans votre boîte mentale. Vous êtes dans le soi. »
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S’abandonner
« Un état d’amour est une non-relation. La perception, de personnalité à personnalité, vient après, sans que cet arrière-plan vous quitte, ce qui crée des rapports tout à fait différents entre les humains, si l’un et l’autre le vivent, évidemment. On ne cherche plus à être aimé, sécurisé. » Jean Klein.
Nous touchons là à un paradoxe extra-ordinaire. Je suis ému en abordant ces lignes car je mesure à quel point il me sera difficile de vous inviter au-delà de cette expérience d’ouverture, là où l’ouverture peut basculer au cœur de ce paradoxe initiatique : se sentir abandonné au point d’expérimenter l’ultime sécurité du soi. »