Extraits du livre
Page 4 : C’était un paysage de désert urbain, où les vies dénaturées telle la végétation et massées dans des maisons châteaux de cartes, semblaient branler dangereusement dans les airs.
Devant cette vision de son virtuel avenir, le jeune homme s’enfonça en réflexe davantage dans son col de veste. Et puis, il eut tout d’un coup cette vision : il a vu le château s’ébranler et sa plèbe – des prolétaires, des laissés pour compte – déferler sur la ville, réclamant à feu et à cri qu’on lui donne son bourreau.
Page 46 : Guy en l’entendant était à la fois ravi et nerveux. Cela faisait un mois et demi environ qu’ils s’étaient perdus de vue. Il ne l’avait pas appelée depuis leurs émouvants aurevoirs et elle non plus. Il avait depuis souvent pensé à elle et gardait de leur histoire un merveilleux souvenir. Et, maintenant, il avait suffi qu’il rencontre une fille qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau, pour que sa présence lui devienne indispensable. Ne serait-ce que par la voix !
Page 94 : Tantôt, Elisa lui disait, entre deux gémissements, qu’il avait préféré le pervertissement et un avant-goût du paradis, maintenant sur la terre, au lieu de la promesse d’une vie de félicité, dans l’au-delà, pour l’éternité.
Page 159 : Enfin, il avait compris. Le monstre sociétal était tapi à l’ombre de l’humain, il avait toujours été là ! Peut-être avait-il pris naissance au sein de la caverne primitive et avait évolué dans le sillage des hommes en même temps que sa société. Il était devenu un démiurge. Il détendait ses artères aujourd’hui dans la rue, comme dans le RER, dans le métro, dans nos maisons…, au milieu de nos vies, nourrissant ses entrailles d’existences humaines et l’homme savant fou ignorait que son invention a pris vie. Il a créé un monde inexorable, nourri avec la quiddité des hommes, de ses bêtises comme son intelligence ; il est partout, un noumène capable de phagocyter ou de transcender le réel.