Extraits du livre
De penser, et peut-être me comporter, n’être pas comme les autres semblerait tendre chez moi vers une forme d’anomalie caractérielle neurologique qu’un spécialiste du cerveau pourrait qualifier de syndrome ou de pathologie, toutefois, ne sachant pas exactement ce que veut dire « être comme les autres », partant du principe que personne n’est comme l’autre, je n’ai pas de mal à en tirer les conclusions que chaque humain est différent d’un autre.
(page 26)
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Donc, pisser dans le seul puits du village est assimilé à une bêtise, même si les habitants de ce village ne boivent que du vin. L’urine d’un petit garçon turbulent mélangé à l’eau qui va cuire la soupe ça ne se fait pas, même si, le temps de réagir, de sévir et de puiser, l’eau en abondance a largement eu raison de cet épanchement urinaire de mon corps si désobéissant.
(page 42)
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Mon père se réchauffait avec ses bouteilles de pinard et ses séjours journaliers et prolongés au mess, ce qui réchauffait l’atmosphère déjà tendu, puis il se réchauffait encore en cognant sur ma mère qui se réchauffait aussi en nous cognant dessus, mais c’était aussi parce qu’on n’était pas des tendres, en ces périodes de vaches maigres, nos conneries aussi entrainaient des pénuries familiales.
(page 46)
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Il faut dire que depuis 1935 les choses ont stagné, l’entre-deux guerres n’a pas permis d’évoluer beaucoup, les mêmes écoles, les mêmes classes, les mêmes pupitres doubles. Il faut dire aussi que pendant la guerre, l’occupation occupait les occupants et les occupés, les occupations des uns n’étant pas compatibles aux occupations des autres, s’occuper d’autres occupations, comme faire évoluer l’école, est passé au second plan, voire même plus en arrière, personne ne s’en est occupé.
(pages 62-63)
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C’est aussi pourquoi les mômes étaient le plus souvent dans la rue, les violentes scènes de ménage avinées faisaient sortir les moutards, excités et apeurés, des appartements