Extraits du livre
« …je tâchais de tromper la réalité ou plutôt mon esprit devenait de plus en plus fort pour masquer l’affaiblissement physique de mon corps. C’était comme si mon mental prenait le dessus sur mon corps, tachant de le rendre silencieux, de l’emporter sur lui. Ma force mentale était telle, à cette époque, que je parvenais à me maintenir en activité et « en état de marche », à masquer tous les signes que mon corps tâchait de me transmettre pour m’alerter ! Je le privais de plus en plus de ses besoins alimentaires, je lui imposais de nombreuses carences mais le mental que j’avais, lui, ne diminuait pas, au contraire, chaque fois que le corps perdait en énergie et vitalité lui, il croissait, il comblait le vide laissé par le corps, le dévorait, gagnait du terrain et sortait victorieux du combat macabre dans lequel tous deux s’étaient engagés ! »
« C’était comme si je quittais un instant la vie, ne pensais plus à rien, ne ressentais plus aucune souffrance, comme si je volais au-dessus de mon corps, n’étais plus présente au monde mais le regardais seulement. Je me sentais alors libre, bien, apaisée alors que pourtant je me retrouvais dans une situation critique, puisque sujette à un étourdissement. Ma tête tournait, mes yeux n’y voyaient plus clair, c’était inquiétant mais je le vivais comme un réel moment de bien être, comme quelque chose de bénéfique, de non dangereux pour moi, libérateur et dont je n’aurais pas souhaité me passer pour tout l’or du monde. C’était un instant jouissif pour moi qui souffrait le reste du temps. Je ne voyais pas la mort qui me guettait, je préférais vivre et savourer ce moment, quitte à ce que ce soit le dernier. C’est peut-être triste à dire mais c’était pourtant la réalité des choses, j’aurais préféré vivre deux minutes dans cet état que toute une vie dans l’état où je me trouvais le reste du temps. »
« Aux vues des actions commises en ce temps-là, il est avéré que ce que je croyais être un état de « bien-être » n’était en vérité qu’un état de latence, voire d’inexistence. En effet, l’anesthésie de mes sentiments, sentiments dont j’avais souffert avant cela, créaient un vide en moi, je n’étais plus un être de raison. En somme, j’étais comme morte, inhabitée. A vrai dire, je ne ressentais plus de souffrance mais en contrepartie aucune jouissance non plus. Je n’avais plus de morale, de respect pour personne.